Les Aztèques Exposé: Hernan Cortes Et La Chute De Mexico Tenochtitlan
À La Recherche De Eldorado

La beauté de Tenochtitlan, ville lacustre mexicaine et chef-d'oeuvre de la culture aztèque, avait étourdi les conquistadors qui, devant cet imposant ensemble, furent tellement époustouflés qu'ils se crurent arrivés dans le mythique Eldorado. Pour avoir une idée des images qui surgirent alors à leur esprit, il suffit de relire quelques lignes de l'Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne par Bernal Diaz del Castillo qui nous laisse cette vague description de Tenochtitlan : “En voyant tant de villes et de villages posés sur l'eau, et d'autres sur la terre ferme, nous fûmes pris d'admiration, et nous nous imaginâmes qu'il s'agissait d'un charme (...), à cause des grandes tours, des temples et des pyramides qui émergeaient de l'eau, et un soldat se demande même s'il ne s'agissait pas d'un rêve.”
Histoire de Mexico Tenochtitlan
Tenochtitlan était la ville sainte dans laquelle se découpait la grande pyramide double consacrée à Tlaloc, le dieu de la pluie, et à Huitzilopochtli, le dieu du soleil et de la guerre. Tout autour s'entassaient les demeures du clergé, dépositaire des désirs des dieux. Près de la grande pyramide de Tenochtitlan s'élevait le temple consacré à Ehecatl, le dieu du vent, alors que non loin de là se trouvait le tzompantli, lieu où l'on déposait les crânes des victimes de sacrifices. Non loin de l'entrée ouest s'étendait le terrain du jeu de paume, que certains considèrent comme l'ancêtre du football et qui, pour les Aztèques, avait un important rôle rituel.
Tenochtitlan était une ville parfaite et évoluée, tout comme le grand royaume aztèque qui fut écrasé par une poignée de conquistadors. Ces derniers n'avaient, en principe, aucune chance de vaincre cette société autochtone parfaitement organisée, si harmonieusement équilibrée grâce à une structure sociale fortement dominée par la religion. Pourtant, ce fut certainement cette stricte adhésion aux dogmes de leur religion qui donna l'avantage aux hommes en armes arrivés de la mer, si différents qu'ils semblaient venus d'autres mondes.
Hernan Cortes et la chute de l'empire Aztèque

Le 8 novembre 1519, Hernan Cortès, après être parti six mois plus tôt des côtes du Yucatan, atteignit la capitale aztèque de Tenochtitlan dont il fit plus tard le récit suivant : “Elle est construite sur une lagune salée et est distante en tout point de deux lieux de la rive. On peut y accéder depuis quatre points par des routes bien construites de la largeur de deux lances. Elle est grande comme Séville ou Cordoue. La place la plus grande est deux fois plus large que celle de Salamanque, est entièrement entourée d'arcades où, chaque jour, entre les acheteurs et les vendeurs, circulent plus de soixante mille personnes. Les parties en pierre et les parties en bois sont travaillées à la perfection, et je ne crois pas qu'il en existe de meilleures dans aucune autre ville du monde.”
Cela semble incroyable, mais l'homme qui eut de telles paroles d'admiration à l'égard de Mexico Tenochtitlan fut également l'artisan de sa destruction. Cet homme, deux ans après avoir débarqué, eut le dessus sur une population qui connaissait bien l'art de la guerre, qui dominait avec une grande maîtrise le territoire et qui était naturellement habituée à vivre dans un milieu difficile et fortement hostile aux Européens. On a dit que les conquistadors prirent le dessus sur les habitants de Tenochtitlan parce qu'ils possédaient des armes à feu et qu'ils étaient aussi fortement motivés et assoiffés de conquête : ces hypothèses ont peut-être eu, en partie, un certain poids, mais ne sont certainement pas suffisantes pour donner un sens au mystère de la chute de l'empire Aztèque et à la périclitation de Tenochtitlan.
Le Quetzalcoatl dans la mythologie Aztèque

Le déclin de l'une des civilisations les plus évoluées s'explique par de nombreux autres facteurs. Les Européens avaient de leur côté, si l'on peut dire, la figure mythique de Quetzalcoatl, mais les conquistadors ne le savaient pas. En revanche, les autochtones le savaient bien, et surtout le célèbre souverain Moctezuma. D'après la religion aztèque, Quetzalcoatl était un dieu déchu, parti en exil au-delà de l'océan d'où il devait revenir un jour pour détruire l'empire des hommes et leurs dieux. Les Blancs, ceints de leurs armures et arrivés de la mer sur de grands navires, pourvus d'armes jamais vues jusqu'alors et aidés d'animaux mystérieux (les chevaux), furent ainsi considérés par les Aztèques comme l'armée d'un Quetzalcoatl en colère : toute défense aurait donc été vaine, puisque leur destin avait déjà été décidé par un insondable dessein divin. Ainsi, l'art de la guerre sophistiqué, mais fortement diminué par la conscience d'être les victimes de la colère du dieu, ne put rien contre la puissance des armes à feu des conquistadors qui, en peu de temps, mirent en déroute l'empire aztèque et prirent Mexico Tenochtitlan d'assaut.
La guerre, que le peuple de Moctezuma considérait comme un élément appartenant à un rituel complexe, s'acheva dans un bain de sang et les hommes de Cortés conquirent le temple de Tenochtitlan sans difficulté : un geste symbolique qui, pour les Aztèques, correspondait à une défaite devant s'ensuivre par un accord où les vainqueurs dicteraient les conditions. Et tel fut le cas. Tenochtitlan devint le monument de la conquête européenne et l'épigraphe de la fin d'une grande civilisation qui s'imagina être victime de la fureur destructrice de Quetzalcoatl, revenu d'un pays inconnu situé de l'autre côté de l'océan.
À la recherche de la mythique Eldorado
Mexico Tenochtitlan ainsi que de nombreuses grandes villes de l'Amérique précolombienne furent considérées, dans l'esprit des conquistadors, comme le mythique Eldorado, la ville peut-être entièrement construite en or qui, depuis toujours, a fait le bonheur et la ruine des hommes. “L'or est fils de Zeus. Ni la mite ni la rouille ne peuvent le dévorer, mais lui dévore l'esprit de l'homme.” Cette petite phrase emblématique du poète grec Pindare exprime avec une grande clarté quel poids négatif a exercé sur les hommes la “soif de l'or”, une sorte d'appétit souvent insatiable.
Pizarro, Cortés et tant d'autres cherchèrent cette cité mythique, sans la trouver. À une époque plus récente, les recherches se sont orientées vers le lac de Guatavita, non loin de Bogotà, en partie en raison de la découverte, à la fin des années 1960, d'un splendide modèle en or représentant les phases d'une cérémonie de Muisicas, dont on ne sait pas grand-chose, mais qui avaient l'habitude, avant de pratiquer leurs rituels, de s'asperger le corps de poudre d'or. Peut-être est-ce cette pratique singulière qui a enflammé l'imagination des aventuriers européens.
