Anasazi
Le Mystérieux Destin d'Une Tribue

On considère que Pueblo Bonito est le plus grand mystère archéologique des États-Unis. Il y a environ 800 ans, tout un peuple composé de plus de 8 000 personnes disparut subitement, dans le désert du Nouveau-Mexique, en laissant derrière lui une série de traces qui étaient toutes à déchiffrer. Ce peuple est connu sous le nom d'Anasazi, le peuple des aigles, ce qui, en langue Navajo, veut dire “les anciens”.
Chaco Canyon
Chaco Canyon est un canyon du Nouveau-Mexique, long de 19 kilomètres et large de 1 500 mètres, où vécut pacifiquement le peuple des Anasazi avant de disparaître. Tout a commencé à la fin du XIXe siècle quand, presque par hasard, plusieurs explorateurs arrivèrent dans le Chaco Canyon. Ils découvrirent, à leurs pieds, une imposante construction composée de 800 habitations : Pueblo Bonito, la ville des Anasazi. Il s'agirait pour certains de leur capitale, tandis que d'autres optent pour un centre spirituel. Il est sûr qu'au moment de sa construction, datée aux environs de l'année 1000, il n'existait rien de semblable dans cette région aride de l'Amérique du Nord : un complexe absolument pharaonique pour l'époque.
Kivas

Les kivas, pièces en arrondi, souterraines et de forme circulaire, constituent l'élément architectural le plus fameux. Large de 20 mètres et haute de 5 mètres, située un peu en dehors du Pueblo Bonito, Casa Rinconada est la plus grande de ce type. Les kivas étaient probablement des lieux réservés aux cérémonies sacrées : dans leurs toits était pratiqué un trou à travers lequel les esprits pouvaient entrer et sortir d'après la liturgie de l'ancienne tribu disparue.
Les Anasazi entretenaient un rapport religieux avec la nature, en particulier avec la Terre et le Soleil. Dans de nombreuses kivas, à l'aube du solstice d'été, le rayon de soleil pénétrant par les fenêtres allait atteindre une niche qui se trouvait à l'intérieur de la construction. Un phénomène qui n'est toujours pas interprété, mais qui devient encore plus évident sur le site de Fajada Butte : l'incision rupestre du “sun dagger” (poignard solaire) représente deux spirales ; grâce aux fentes présentes dans les roches, à l'entrée de la grotte, la plus grande spirale est traversée par une lame de lumière, pendant le solstice d'été.

En revanche, pendant le solstice d'hiver, le soleil pénètre dans deux fentes qui délimitent les bords extérieurs de la spirale elle-même. Une sorte de calendrier d'une époque très reculée, gravé dans la pierre. Outre le fait qu'elle étaient orientées selon les surprenantes connaissances astronomiques des Anasazi, ces mêmes kivas étaient aussi bâties en des points précis du terrain. De tels lieux, choisis par les chamans, libéraient ce qui était pour eux, une forte énergie de la Terre, représentée par une spirale.

De grandes routes
Les grandes voies de communication constituaient une autre obsession du peuple Anasazi. Ils construisirent plus de 300 kilomètres de routes, dont la grande route du Nord qui domine Pueblo Bonito est un exemple majestueux : 33 kilomètres tracés avec une précision surprenante. Réaliser un tel alignement serait difficile même avec une boussole, instrument que les Anasazi ne possédaient d'ailleurs pas. Un témoignage démontrant que leurs connaissances furent bien plus en avance que l'archéologie ne le soupçonnait.
Un peuple cannibale
Mais cette civilisation comporte également un autre aspect inquiétant. Des études scientifiques portant sur les restes humains découverts dans le Chaco Canyon semblent démontrer que les Anasazi auraient pratiqué le cannibalisme. Les indices sont nombreux : des crânes fracturés, des os vidés de leur moelle, des preuves organiques dans les excréments fossiles et même des traces de myoglobine (une protéine présente dans les muscles) retrouvées dans les incrustations d'une marmite. Et l'on trouve aussi en plein milieux de ce désert une tombe significative, celle de Richard Wetherill, l'un des premiers explorateurs arrivés au Chaco Canyon et tué précisément par le peuple qu'il voulait étudier.
Mais son témoignage est révélateur. En effet, Wetherill a écrit : “Lorsque nous entrâmes dans le Navajo Canyon et que nous découvrîmes les ruines, notre monde se trouva ramené à un nombre indéterminé de siècles en arrière. Tout était intact exactement dans l'état où l'avaient laissé les habitants originels. Les objets étaient rangés dans les pièces comme si les personnes étaient sorties pour rendre visite à leurs voisins. Des spécimens parfaits de vaisselle traînaient sur le sol tandis que des ustensiles en fer et d'autres objets domestiques se trouvaient là où les femmes Anasazi les avaient laissés pour la dernière fois.”
C'est une scène surprenante qu'a décrite Richard Wetherill : une civilisation avancée contrainte d'abandonner brusquement son centre principal, sans aucun signe de bataille ou d'épidémie. Que s'est-il passé, quel fut le mystérieux destin des Anasazi – la tribu des Anciens – , telle est l'énigme qui reste encore à élucider.
