Mort de Lady Diana
Qui a Tué La Princesse de Galles ?

Le 31 août 1997 restera dans toutes les mémoires. Il est 0h25 lorsque la voiture de Lady Di percute le treizième pilier du tunnel de l'Alma, à Paris. À 4 heures, sa mort est constatée. Retour sur un engrenage fatal.
Lady Di : La vedette des paparazzi
C'est la grande affaire de l'été. Divorcée depuis quelques mois à peine, Lady Diana s'affiche avec Dodi al-Fayed, le fils du milliardaire égyptien Mohamed al-Fayed, propriétaire des grands magasins Harrods à Londres, et du Ritz à Paris. En juillet, ils étaient à Saint-Tropez, en août, les voilà en croisière en Méditerranée. Lady Diana est la femme la plus photographiée au monde, et cette romance de luxe tombe pile à l'heure où l'actualité est en vacances. Et puis, Di et Dodi, cela sonne comme une comédie musicale, presque trop beau pour être vrai. Princesse Diana et son soupirant ne fuient pas les paparazzi. L'été se passe d'ailleurs dans la plus grande improvisation, au grand dam des deux gardes du corps en charge de la sécurité du couple, Kes Wingfield et Trevor Rees-Jones.
Il en va de même à Paris, ultime escale avant le retour à Londres. Il est 15h20, ce samedi 30 août 1997, lorsque le Gulfstream IV aux couleurs de Harrods atterrit au Bourget, en provenance de la Sardaigne. Là aussi, les photographes sont au rendez-vous. Le chauffeur de la Mercedes les sème sur l'autoroute. L'après-midi et la soirée vont se passer en va-et-vient et tergiversations. Le couple passe d'abord à l'ancien hôtel particulier du duc et de la duchesse de Windsor, près du bois de Boulogne, que loue désormais Mohamed al-Fayed à la Ville de Paris. Puis on dépose les bagages dans l'appartement que possède la famille, rue Arsène-Houssaye. Lady Di et Dodi vont au Ritz vers 16 heures, en repartent vers 19 heures, direction rue Arsène-Houssaye, y reviennent vers 22 heures pour dîner dans la suite impériale. Les gardes du corps sont aux cent coups. Depuis des semaines, Dodi leur cache ses projets, ils ne peuvent rien anticiper, prévoir aucun itinéraire. Trevor Rees-Jones découvre la nouvelle destination quand il est déjà au volant de la voiture d'escorte.

Devant l'hôtel, Trevor se précipite pour ouvrir la porte de la Mercedes à l'arrière de laquelle le couple a pris place. Personne ne sort. Lorsqu'enfin Dodi se décide, trop tard, la voiture est encerclée. Il y a des appareils photo partout, et une foule de plusieurs centaines de personnes bloque l'entrée. Les quelques mètres séparant la princesse Diana et le fils de milliardaire de la porte à tambour du Ritz tournent au chemin de croix. Kes Wingfield est au bord de l'explosion.
La tension est encore montée d'un cran. Il est 23h07. Kes et Trevor sont en faction devant la porte de la suite impériale. Ils ignorent qu'à l'intérieur Dodi a déjà téléphoné pour demander à Henri Paul, le responsable adjoint de la sécurité, de positionner une troisième voiture, une autre Mercedes, face à l'entrée de service. Sans en parler à ses gardes du corps, Dodi a décidé qu'Henri Paul conduirait la “voiture de grande remise” dans laquelle Lady Diana et lui allaient s'engouffrer, tandis que Trevor et Kes prendraient le volant des deux premiers véhicules, situés devant le Ritz, dans l'espoir de créer une diversion. Mis au courant, Trevor refuse net. “C'était un dispositif épouvantable, confiera-t-il. Henri Paul était un homme de la sécurité, pas un chauffeur. Ils avaient besoin d'un convoi de deux voitures et d'un garde du corps.” Mais impossible de faire revenir Dodi sur son plan. Tout ce que Trevor obtient est de prendre place à bord de la Mercedes conduite par Henri Paul. Kes et un chauffeur se chargeront des deux autres voitures.
Quand le garde du corps, Henri Paul, Lady Diana et Dodi quittent le Ritz par une porte donnant sur la rue Cambon, deux ou trois photographes sont là. L'effet de surprise est manqué. N'importe, il est 0h20, la Mercedes démarre en trombe. Elle ne sera rattrapée qu'à un feu rouge, place de la Concorde, par des photographes disposant de motos. Henri Paul brûle le feu et les sème. À 0h25, le Samu reçoit un appel d'urgence, il y a eu un accident sous le tunnel du pont de l'Alma. Contrairement aux premières déclarations, aucun photographe n'était auprès de la voiture au moment où elle a perdu le contrôle. Ils sont arrivés plus tard, n'ont rien vu des circonstances.
Accident mortel dans le tunnel de l'Alma

Le constat est terrible. À l'avant, le chauffeur est mort sur le coup et Trevor paraît à l'agonie, victime de gravissimes blessures faciales. À l'arrière, Dodi aussi est mort, mais la princesse Diana respire encore. Les premières dépêches font état de blessures à la jambe. En fait, Lady Diana est touchée au thorax, victime d'une hémorragie interne. L'ambulance qui la mène à la Salpêtrière doit faire plusieurs arrêts pour tenter de stabiliser son état. Au bloc, l'équipe chirurgicale tente l'impossible. En vain. “Malgré la fermeture de la plaie et un massage cardiaque externe et interne de deux heures, nous n'avons pu rétablir l'efficacité circulatoire, dira le docteur Bruno Riou dans le communiqué de l'Assistance publique. Le décès de la princesse de Galles a été constaté à 4 heures du matin.” Très loin de là, en Écosse, à Balmoral, un père bouleversé est allé réveiller ses fils.
Au moment même où la mort de Lady Di est rendue publique, des voix s'élèvent en Égypte, pays d'origine des Al-Fayed, pour crier à l'assassinat. Motif ? La mère du futur roi d'Angleterre allait épouser un musulman et l'establishment britannique ne pouvait l'admettre. Problème, quoi qu'en ait dit Mohamed al-Fayed, son fils et la princesse de Galles n'allaient pas se marier. Elle s'affichait avec Dodi pour faire enrager les Windsor et surtout pour susciter la jalousie d'un autre musulman, le docteur Hasnat Khan, qu'elle aimait et qui venait de rompre avec elle.
Le milliardaire propriétaire de Harrods et du Ritz, après avoir tenté de faire porter la responsabilité de l'accident aux photographes, dont l'innocence sera finalement avérée, hurle lui aussi au complot téléguidé par la famille royale.
Le mobile reste le même. On y ajoute une grossesse présumée que l'examen médico-légal a pourtant exclue. Il faudra dix ans de rumeurs, trois ans d'enquête de la police britannique, une enquête judiciaire publique pour avoir raison de l'acharnement de Mohamed al-Fayed. Il faut dire qu'en tant que propriétaire du Ritz et employeur du chauffeur de la voiture, il peut être tenu pour pénalement responsable de l'accident et condamné à des dommages et intérêts se chiffrant en millions d'euros.
Princesse Diana assassinée ?
Le clan Al-Fayed n'est cependant pas seul à croire en la possibilité d'un assassinat. Lady Diana elle-même, ainsi que l'atteste une lettre rendue publique par son ex-majordome, Paul Burrell, semblait redouter un attentat maquillé en accident de voiture. Seulement, cette lettre sans en-tête ni date correspond à un travail d'analyse effectué par la princesse Diana pour mettre des mots sur ses terreurs.
Nicholas Davies, ex-officier, ex-correspondant de guerre, spécialiste de la famille royale, a écrit deux livres sur la mort de Lady Di et parle clairement d'assassinat par les services secrets britanniques. Cette fois, cependant, le mobile serait plus politique. La princesse de Galles, par son aura, avait réussi à mettre un coup d'arrêt à l'usage des mines antipersonnel et, selon Davies, elle s'apprêtait à soutenir la cause palestinienne, hors de tout contrôle, au risque de créer tensions et déséquilibres. Le MI5 aurait agi sans ordres. Ce qui paraît peu probable. Même s'il est vrai que des zones d'ombre subsistent : la caméra de surveillance de l'Alma tournée vers le mur et non vers la circulation, la Fiat blanche heurtée par la Mercedes qui n'a jamais été retrouvée... De quoi alimenter jusqu'à la fin des temps les théoriciens du complot, sincères ou intéressés.
