La Vie Et La Ressurection De Jeanne d'Arc
La Pucelle A-t-elle Échappée Au Bûcher ?

La vie de Jeanne d'Arc
Le 30 mai 1431, Jeanne d’Arc, une jeune paysanne de l’est de la France qui a affirmé être envoyée du Ciel pour délivrer la France de ses ennemies, est brûlée vive par les Anglais comme hérétique, à l’âge de dix-neuf ans. La carrière militaire de celle que l’on appelle la Pucelle d’Orléans a été courte, mais spectaculaire : en un an, à la tête de son armée, elle a libéré de vastes portions du territoire et remporté plusieurs victoires importantes ; grâce à elle, Charles VII est sacré roi de France à Reims. Puis elle est capturée, jugée et exécutée.
Et pourtant l’histoire de la Pucelle d’Orléans ne s’achève pas tout à fait sur le bûcher de Rouen. Car le 14 mars 1436, une jeune femme de vint-cinq ans se présente en Lorraine et affirme qu’elle est Jeanne la Pucelle!
Reconnue par ses frères
Ce retour miraculeux fut accueilli avec le plus grand scepticisme, mais les deux jeunes frères de Jeanne, Petit-Jean et Pierre, reconnurent tous deux leur soeur. Jeanne se rendit aussi à Metz, où elle retrouva de nombreuses personnes qui avaient côtoyé la Pucelle pendant sa spectaculaire chevauchée contre les Anglais, notamment Nicolas Lowe, le chambellan du roi. S’il s’était agi d’une imposture, Metz eût été pour elle le dernier endroit où se rendre. D’autres anciens compagnons de Jeanne d’Arc la reconnurent à Vaucouleurs, où elle séjourna une semaine tandis que Petit-Jean s’en allait prévenir le roi. On ignore comment réagit Charles VII, mais il lui fit remettre 100 francs.
Le 24 juin 1437, les pouvoirs miraculeux de Jeanne d’Arc (pouvoirs auxquels elle attribuait ses victoires de 1429) lui revinrent. Elle devient la protégée du comte Ulrich de Wurtemberg qui l’emmena avec lui à Cologne. Là, l’inquisiteur général s’intéressa à l’invitée du comte, mais il fut des plus choquées de découvrir que Jeanne s’adonnait à la magie, qu’elle aimait danser avec les hommes, et qu’elle mangeait et buvait plus que de raison ! Il l’excommunia, ce qui ne semble pas avoir perturbé Jeanne d’Arc, ni ne l’empêcha d’épouser un certain Robert des Armoises (ceci en dépit du voeu de chasteté qu’elle avait prononcé en d’autres temps).
Jeanne des Armoises
En 1440, devenue Jeanne des Armoises, Jeanne d’Arc s’en revint finalement à Paris, où elle rencontra le roi. C’est alors qu’elle connut son premier revers : après l’avoir rencontrée, le roi déclara qu’il s’agissait d’une imposture, mais pour autant, il ne la fit pas arrêter sur-le-champ. Quoi qu’il en soit, d’après le Journal d’un bourgeois de Paris, Jeanne fut plus tard arrêtée et condamnée comme faussaire. Elle dut confesser publiquement s’être livrée à une usurpation d’identité.
Jeanne des Armoises retourna ensuite à Metz, où les gens continuèrent à la considérer comme Jeanne la Pucelle. Quatorze ans plus tard, elle se rendit à Saumur, où, là aussi, elle fut accueillie comme la Pucelle d’Orléans. Après quoi l’histoire perd sa trace – il est probable qu’elle finit tranquillement ses jours à Metz au côté de son mari.
Une résurrection inopportune?
Que penser de l’histoire de la dénonciation du roi et de sa confession publique? La seule source en faisant état est le Journal d’un bourgeois de Paris, ce qui en soi est assez étrange, s’agissant d’un scandale public. Il faut noter par ailleurs que la noblesse avait toujours été hostile à Jeanne d’Arc en raison de son influence sur le roi. Il en allait de même du clergé, l’université de Paris ayant entériné sa condamnation pour hérésie.
Un retour de Jeanne d’Arc aurait ainsi placé les clercs et les magistrats de Paris dans une situation plus qu’inconfortable. Même pour les partisans de Jeanne au sein de l’Église, cette réapparition était embarrassante : une vierge et martyre en imposait plus qu’une noble dame à l’identité suspecte.
Est-ce le roi qui trouva la solution? S’il la reniait, elle pourrait disparaître de la scène et s’en aller vivre sa vie ; tout le monde y trouverait son compte. C’est ce qu’il advint.
Sainte Jeanne d’Arc échappe au bûcher
Une question reste néanmoins en suspens : comment Jeanne d’Arc aurait-elle échappé au bûcher en 1431? En fait, l’hypothèse d’un sauvetage n’est pas aussi saugrenue qu’il y paraît. On sait que Jeanne était dotée d’un pouvoir de persuasion hors du commun ; elle avait réussi à convaincre les plus incrédules qu’elle avait entendu les voix des anges! Le jour de son exécution, pas moins de 800 soldats anglais ont maintenu la foule à distance, et personne, parmi tous ceux qui la connaissent, ne put s’approcher du bûcher pour reconnaître la Pucelle.
Si Jeanne des Armoises était bien Jeanne d’Arc, on peut imaginer qu’elle perçut toute l’ironie de sa situation. Elle avait plongé le monde dans l’embarras quand elle était une vierge guerrière inspirée par Dieu ; et voici qu’elle était tout aussi encombrante en héroïne revenue d’entre les morts. En 1456, le pape annula sa condamnation pour hérésie. Sa canonisation n’intervint qu’en 1920.
