Nostradamus
Les Prophéties de Michel de Nostradame

Passé à la postérité sous le nom de Nostradamus, Michel de Nostredame naît à Saint-Rémy-de-Provence le 14 décembre 1503. Il aurait déjà appris les bases de la médecine et de l’astronomie durant son enfance avant d’entrer à la faculté de médecine d’Avignon, puis à celle de Montpellier. Professionnellement installé à Agen ou il est marié et père de deux enfants, sa vie se trouve bouleversée quand son foyer succombe à une épidémie. Parti seul pour Bordeaux en 1539, il décide de devenir médecin itinérant. Ses périples à travers la France permettent de faire éclore une première légende sur des prophéties qu’il prononcerait au gré des rencontres faites sur son chemin. Ainsi la mémoire collective a retenu le fait qu’il ait reconnu le futur pape Sixte V.
Âgé d’une quarantaine d’années, Nostradamus retourne dans sa région natale ou il se remarie. Il s’établit à Salon-de-Provence et continue de soigner les malades, frappés par la peste, en parcourant le sud de la France et l’Italie. Cette nouvelle vie connaît une autre rupture quand, en 1555, est publié un premier ouvrage, Les Prophéties de M. Michel Nostradamus. Sous des quatrains d’un style torturé, présentés en centuries, Nostradamus dévoile sa passion pour l’astronomie et ses qualités de prophète. Il est convaincu que les astres, qui influencent le comportement du corps, sont également les instruments d’une prédiction pour celui qui a reçu un don de ses aïeux. Son livre rencontre un tel succès que de nouvelles éditions, enrichies au fil des années, se succèdent à des intervalles réguliers.
Invité à la cour de Catherine de Médicis, il prédit à celle-ci que, fait exceptionnel, ses trois fils régneront. L’histoire le confirmera. L’année 1564 est la consécration de la carrière de Nostradamus : il est nommé conseiller et médecin ordinaire du jeune roi Charles IX quand celui-ci passe par Salon-de-Provence. Jusqu’à son dernier souffle, Nostradamus est au service de ses patients. Il meurt dans la nuit du 2 au 3 juillet 1566.
Depuis leur première publication jusqu’à aujourd’hui, les écrits de Nostradamus ont provoqué de vives critiques qui en ont fait oublier toute l’intelligence et l’humanité de l’homme, un savant loué par Ronsard et pleinement installé dans son siècle. Il faut cependant bien avouer qu’à la première lecture, les quatrains du prophète paraissent obscurs. Sans aucun respect de la chronologie et de la syntaxe, ils nécessitent une interprétation. Celle-ci peut alors facilement conduire le lecteur à les rapprocher d’un événement personnel. Dans ce cas, les strophes de Nostradamus ne portent en elles qu’un caractère universel. Les nombreuses éditions des strophes de Nostradamus n’ont-elles été qu’une simple opération commerciale ? Pas si sûr lorsque l’on se penche sur certains passages qui parviennent à jeter le trouble jusque dans les esprits les plus sceptiques.
Dans le quatrain 35 de la centurie I, Nostradamus prédit, quatre ans à l’avance, la mort du roi Henri II :
« Le Lyon jeune le vieux surmontera,
En champ bellique par singulier duelle,
Dans cage d’or les yeux lui crèvera,
Deux classes une puis mourir mort cruelle. »
Nous retrouvons dans ces vers les éléments de l’événement du 30 juin 1559, lors d’un tournoi : la démonstration militaire d’Henri II et du jeune Gabriel de Montgomery, la lance de ce dernier transperçant l’œil du roi et la lente agonie du souverain.
Nostradamus n’a-t-il pas dans ces vers prophétisé l’assassinat du duc de Guise qui survient le 23 décembre 1588 ?
« En l’an qu’un œil en France régnera,
La Cour sera à un bien fascheux trouble.
Le grand de Bloys son amy tuera,
Le regne mis en mal et doubte double. »
Il annonce en une ligne la condamnation à mort de Charles Ier par le Parlement anglais. Le roi sera décapité à Londres, devant le palais de Whitehall, le 30 janvier 1649.
« Senat de Londres mettront à mort leur Roy. »
Dans un registre tout proche, c’est l’épisode de la fuite de Louis XVI jusqu’à Varennes que l’on peut imaginer dans le quatrain 20 de la centurie IX :
« De nuict viendra par la forêt de Reines,
Deux pars vaultorte Herne la pierre blanche
Le moine noir en gris dedans Varennes,
Esleu cap cause tempeste, feu, sang, tranche. »
La dernière ligne n’évoque-t-elle pas les troubles meurtriers de la Révolution ? D’ailleurs, Nostradamus a prédit un grande transformation pour l’année qui suit la fuite du roi. Dans sa lettre à Henri II datée du 27 juin 1558, il écrit :
« L’an 1792 que l’on pensera être une rénovation du siècle. »
N’est-il pas question de la proclamation de la Ire République ? À celle-ci suit le temps des exécutions royales :
« Le trop bon temps, trop de bonté royale Faicts et déffaicts prompt, subit, négligence, Léger croira faux d’espouse loyale Luy mis à mort par sa bénévolence. »
C’est aussi le personnage et la carrière de Napoléon que l’on croit découvrir à travers trois quatrain disséminés dans le recueil :
« Un Empereur naistra près d’Italie,
Qui à l’empire sera vendu bien cher,
Diront avec quels gens il se ralie
Qu’on trouvera moins Prince que boucher. »
« De la cité marine et tributaire
La teste raze prendra la Satrapie :
Chassez sordide qui puis sera contraire.
Par quatorze ans tiendra la tyrannie. »
« De soldat simple parviendra en empire,
De robe courte parviendra à la longue
Vaillant aux armes en église ou plus pyre,
Vexer les prêtres comme l’eau faict l’esponge. »
On retrouve Napoléon Bonaparte, né en Corse, se faisant connaître lors du siège de Toulon, avant d’arriver quelques années plus tard au pouvoir en faisant basculer la France d’un Directoire démocratique à un Empire autoritaire et belliqueux.
Même s’il est certain que ces extraits ne sont choisis que parce qu’il s’agit des plus convaincants, comment ne pas être troublé par tant de prophéties que l’histoire a validées ? Alors que certains ne voient dans l’œuvre écrite de Nostradamus qu’une conjugaison au futur des choses du passé, d’autres prêtent une oreille plus attentive aux éventuelles capacités parapsychologiques du médecin.
