Les Secrets des Cenotes Maya Du Yucatan Au Mexique
De Fabuleux Trésors Enfouie Sous Terre ?

Nombre de civilisations de l'Antiquité se sont développées parallèlement à de grands fleuves : le Nil pour les Égyptiens, l'Euphrate pour les Babyloniens, l'Indus pour la civilisation d'Harappa. En revanche, les Mayas ne disposaient pas de fleuve. Le Yucatan est une péninsule sans montagnes et sans cours d'eau en surface ; le terrain est de type karstique, calcaire et poreux ; l'eau de pluie est rapidement engloutie dans les profondeurs de la terre, ce qui crée des réseaux d'eau douce et d'abondantes sources souterraines. Ce phénomène a été accentué quand une gigantesque météorite s'est abattu, il y a environ 65 millions d'années, dans la mer des Caraïbes, provoquant l'effondrement du relief au Yucatan et l'apparition des cenotes. Les Mayas considéraient que les cenotes étaient sacrés car ils représentaient la possibilité de survivre sur une terre inhospitalière.
Les cenotes Maya
Les cenotes, qui garantissaient la vie, permettaient d'entrer en contact avec les dieux anciens qui, selon les Mayas, vivaient dans les profondeurs sous-marines de la Terre-Mère. On dénombre dans la seule péninsule du Yucatan près de 30 000 cenotes : certains sont faciles d'accès, d'autres sont réservés aux seuls archéologues et d'autres encore sont inexplorés. Beaucoup sont reliés entre eux par un extraordinaire réseau de grottes, de canaux et de lacs souterrains. Les stalactites et les stalagmites s'unissent pour former des flèches ou des colonnes entièrement soudées, évoquant des cathédrales souterraines.
Les Mayas, qui cultivaient des liens étroits avec ces cavernes, célébraient d'importantes cérémonies dans leurs eaux sacrées. On doit les premiers comptes rendus à ce sujet aux journaux de l'évêque Diego de Landa ; s'il a été d'une part, le responsable de la destruction des écrits des Mayas – en provoquant l'effacement d'une grande partie de l'histoire dont nous aurions pu avoir connaissance – , il a laissé, d'autres part, le récit de ce qu'il put observer directement : les sanglants rituels mayas. La douleur physique était, pour les Mayas, l'un des moyens permettant d'entrer en contact avec le divin : c'est pour cela qu'ils s'infligeaient à eux-mêmes de terribles blessures et une fois qu'ils étaient entrés en transe, ils se jetaient dans les puits des cenotes, prêts à communiquer avec les dieux. Et on jetait, toujours dans les cenotes, des trésors inestimables, mais aussi des jeunes gens et des enfants noyés, offerts en sacrifice.
La chasse au trésor

C'est sur la base de ces récits qu'en 1904 l'explorateur américain Edward Herbert Thompson décida de partir à la recherche des trésors sous-marins des Mayas. Il explora les ruines de Chichen Itza, l'un des centres les plus représentatifs de l'empire maya, dont le nom signifie précisément : “au bord du puits des Itza”. Ayant trouvé deux cenotes à Chichen Itza, Thompson décida d'y plonger muni d'un scaphandre rudimentaire, à savoir un tube pour respirer et des poids attachés aux souliers. Il perdit presque l'ouïe dans cette tentative, mais il découvrit, à plus de 40 mètres de profondeur, tout ce que racontait la légende : de précieux trésors et de terrifiants squelettes, y compris des squelettes d'enfants. Thompson découvrit ce que l'on appellera le cenote sacré ou le cenote des sacrifices. Non loin de là, il identifia un autre cenote maya, appelé Xtoloc, qui servait, en revanche, à l'approvisionnement en eau de la population. Le cenote des sacrifices a un diamètre d'environ 60 mètres et une profondeur de plus de 80 mètres ; pour y accéder, il faut faire un saut de 20 mètres à partir du sol. À côté, s'élève un ancien édifice qui servait probablement pour les cérémonies de purification des victimes offertes en sacrifice.
De nos jours, un siècle après le courageux plongeon de Thompson, les cenotes maya du Yucatan représentent encore un défi, même pour les plongeurs les plus expérimentés. Le réseau de grottes et de galeries qui les relie se déploie sur au moins 133 kilomètres : toute une région souterraine en grande partie inconnue. Ces cavernes inaccessibles renferment encore de nombreux trésors. Ici, ossements et offrandes sont conservés depuis de nombreux siècles, décourageant les pilleurs les plus acharnés. Sans doute réussirons-nous à percer à jour, avec les technologies du futur, ces véritables gardiens du temps que sont les cenotes. Ils pourront alors nous livrer les secrets du peuple Maya et les connaissances perdues sur le bûcher de leurs manuscrits.
