Alignements de Carnac
Que Signifient Les Menhirs ?

Le Ménec, petit village français à un kilomètre de Carnac, dans le Morbihan, est le point de départ de quatre routes bordées de milliers de menhirs divisés en onze alignements. Près de Kermario se trouve le tumulus dit “Kercado” où l'on a retrouvé des sépultures datant de 4700 av. J.-C. : une donnée archéologique qui revêt un remarquable intérêt scientifique pour définir une chronologie du site de Carnac dans son ensemble.
De nombreux menhirs ont été abattus, pourtant il est encore possible aujourd'hui d'observer ces alignements mégalithiques qui s'étendent pendant plus de 4 kilomètres sur le site de Carnac. La structure la plus complexe est celle du Ménec : les pierres forment une ellipse composée de 70 menhirs qui mesurent dans l'ensemble un peu moins d'un mètre et demi. À l'est s'élèvent 1 099 pierres formant onze alignements qui composent un spectacle fascinant et unique au monde faisant de Carnac l'endroit de rêve pour les fervants fanatiques de menhirs.
En 1827, le chevalier de Frémville décrit ainsi les alignements de Carnac : “Ce régiment de pierres, cet incroyable enchevêtrement de roches informes à l'alignement parfaitement symétrique, m'ont laissé sans voix (...) ; le grand nombre de masses disposées bizarrement, la hauteur de certaines de ces formes recouvertes de lichen, grises et longues, qui se détachent sur la terre brune dans laquelle elles sont plantées profondément, ainsi que le silence qui les entoure exaltent l'imagination et emplissent l'âme d'une vénération mélancolique pour ces témoignages des temps révolus.” Ces impressions sont encore d'actualité : il est toujours impossible de demeurer insensible devant ce temple préhistorique conçu pour donner un visage et une signification à la sacralité de la pierre, symbole d'éternité et matériau essentiel dans la vie de ces hommes qui allaient construire l'Europe.
Que signifient les menhirs ?

Le menhir (de men, “pierre” et hir, “longue”) est probablement l'élément le plus énigmatique de la culture mégalithique. Constitué d'une simple pierre verticale fichée dans le sol, cet étrange monument, très présent dans le monde culturel celte, retient depuis toujours l'attention des archéologues et fait l'objet d'études approfondies. Comme toutes les autres pierres marquées par la main de l'homme, les menhirs entretiennent des liens étroits avec le sacré. Cependant, on n'a pour le moment jamais réussi à définir la fonction rituelle précise du menhir. Puisque l'on n'a pas retrouvé à leurs pieds d'objets permettant de les dater, il est très difficile de savoir précisément quand les menhirs ont été édifiés. Il s'agit cependant en général d'oeuvres réalisées à partir du Néolithique, et qui ont par la suite été intégrées à la tradition religieuse celte.
Quand le paganisme rencontre le christianisme
La tradition locale prétend que les pierres debout de Carnac sont des soldats romains pétrifiés par saint Cornélius afin de barrer la route à leurs cultes païens avant d'avoir à se frotter à leurs épées ensanglantées. Le paganisme est pourtant encore présent sous le vernis chrétien, à tel point que dans l'église paroissiale de Carnac, le saint est représenté à l'intérieur d'un cromlech (un cercle de pierres constitué de plusieurs menhirs) en train de bénir deux boeufs.
Aujourd'hui encore, tous les 13 septembre, les habitants viennent faire bénir leurs animaux dans l'église locale répétant ainsi un rite plus ancien peut-être que le christianisme : certains soutiennent en effet qu'à Carnac, les rituels avec les animaux étaient déjà diffusés avant l'arrivée des évangélisateurs, et que ce furent ces derniers qui absorbèrent dans le nouveau culte une tradition bien antérieure et ancrée dans la religion locale. L'aspect change mais, au fond, il s'agit bien de l'ancien symbolisme qui perdure. Comme saint Cornélius, saint Geneviève est représentée à l'intérieur d'un cromlech et entourée de nombreux animaux domestiques. La persistance du culte païen est encore une fois mise en exergue dans la religion locale : on invoque cette sainte pour favoriser l'accouchement et pour faire tomber la pluie. Il s'agit là des restes d'antiques cultes de la fertilité pratiqués par les autochtones qui, avant l'arrivée du christianisme, trouvaient parmi les pierres le lieu le plus propice pour demander de l'aide à leurs divinités. Enfin, les chercheurs ont établi récemment que le site de Carnac aurait eu également une fonction astronomique : il aurait été conçu pour observer la lune.
